■ Monastère des Trois Saints Hiérarques - Aperçu historique
En 1634, après toute une série de règnes malheureux et d’événements dramatiques, on assista à l’avènement au trône de Moldavie du grand juge et gouverneur Vasile Lupu, boyard éclairé, aimant les arts et surtout la foi chrétienne. Son règne (1634 - 1653) représente la première grande époque culturelle de la Moldavie. A l’instar des grands princes Musat d’autrefois, Vasile Lupu inaugura son règne en faisant bâtir une église, qui allait être unique: «Les Trois Saints Hiérarques» ou les «Trisfetite» de Iasi».
La porte de l’entrée sud est surplombée par l’inscription votive du fondateur, Vasile Lupu: «Par la volonté du Père et avec l’aide du Fils et avec la participation du Saint-Esprit, nous, serviteur de notre Seigneur Dieu et Sauveur Jésus-Christ, qui vénérons la Sainte Trinité, nous, par la miséricorde divine Prince régnant de la Moldavie, avec notre épouse Dame Tudosca et nos enfants - qui nous ont été donnés par Dieu - le Prince Ioan et les Princesses Maria et Rucsandra, avons fait élever cette sainte prière au nom des Trois Hiérarques St. Basile le Grand, St. Grégoire le Théologien et St. Jean Chrysostome. Et cette église a été bénite par la main de l’Archevêque Varlaam le 6 mai 7147».
Pillée et brûlée par des envahisseurs venus de l’est (1650) et du nord (1686), affectée par des tremblements de terre (1711, 1781, 1795, 1802), l’église attendit la Guerre d’Indépendance (1877) pour dépasser cette période d’humiliations successives. Les travaux de restauration eurent lieu de 1882 à 1887 (architecture) et jusqu’en 1898 (peinture et réaménagement de l’intérieur); l’édifice fut bénit à nouveau en 1904, sous Charles Ier, Roi des Roumains. Le bâtiment où se trouve la Salle gothique, édifié sous Vasile Lupu, fut restauré plusieurs fois, la dernière restauration datant de 1960. Fête des arts, l’église des Trisfetite s’inscrit dans l’histoire comme un foyer culturel et spirituel. En 1641 la ville de Iasi reçut avec dévotion les reliques de Sainte Parascève; une année plus tard, en 1642, se tint à Iasi le Synode qui adopta la célèbre Confession de Foi orthodoxe rédigée par le Métropolite Petru Movila, alors qu’en 1645 le Patriarche de Jérusalem fut consacré dans l’église des Trois Saints Hiérarques.
La plupart des éléments de l’intérieur, exécutés de 1889 à 1890 à Vienne et à Paris, furent offerts par le Roi Charles Ier et la Reine Elisabeth. Les chaises royales et épiscopales, les pupitres, etc. en bronze plaqué or avec des insertions en émail et en ivoire remplacent les pièces de jadis sculptées en bois exotique à Istanbul. Les candélabres actuels sont toujours en bronze plaqué or, décorés avec des œufs d’autruche; ils remplacent les précédents, en argent, disparus avant la restauration.
Le Collège de Vasile Lupu (1640), noyau de la future Académie princière, ainsi que l’imprimerie qui y fut installée et à l’aide de laquelle on fit imprimer en 1643 le "Livre roumain d’enseignements" (le Sermonnaire de Varlaam), sont autant de dimensions qui valurent aux Trois Hiérarques l’étiquette de "Monastère des enseignants", appellation confirmée aussi par l’histoire de l’enseignement roumain du XVIIIème siècle; ce nom vint s’ajouter à celui de "Monastère des Patriarches". En accomplissant la vocation universelle de l’Eglise orthodoxe, ce foyer de spiritualité roumaine fut également le point de départ de la lutte pour la libération de la Grèce, en 1821. C’est dans la cour du Monastère (le 28 février 1821) qu’Alexandre Ypsilanti donna le signal pour la guerre d’indépendance de la Grèce en lisant une proclamation qui affirmait les objectifs de l’Hétairie, dans sa lutte pour la libération des peuples balkaniques.
A partir de juillet 1994, l’église a rouvert ses portes en tant que monastère, avec une vie communautaire et des offices quotidiens.